AVANT LA CRISE
Le temps de la prévention
Accès rapide
1. Connaître la réalité des risques dans le département
– L’information de la population
– La vigilance et la surveillance des phénomènes climatiques
– L’éducation des plus jeunes aux risques
– La maîtrise de l’urbanisation : le rôle du PPR
– Réduire la vulnérabilité du bâti existant
1. Connaître la réalité des risques dans le département
L’information de la population
L’information préventive est un droit dont dispose chaque citoyen (loi du 22 juillet 1987 – article L. 125-2 du Code de l’environnement). L’information préventive est définie telle que « les citoyens ont un droit à l’information sur les risques majeurs auxquels ils sont soumis dans certaines zones du territoire et sur les mesures de sauvegarde qui les concernent. Ce droit s’applique aux risques technologiques et naturels prévisibles ». La mise à disposition de cette information est de la responsabilité du préfet, du maire, mais également des citoyens propriétaires.
Au niveau départemental
L’information est consignée dans le Dossier Départemental des Risques Majeurs (DDRM). Établi sous l’autorité du préfet, le DDRM fait état des enjeux, des risques présents dans le département ainsi que des mesures de prévention associées. Il recense, par commune du département, la liste des risques identifiés. Les informations qu’il contient * permettent aux maires de relayer l’information préventive à l’échelle communale. Plus largement, le DDRM est un vecteur d’information et de sensibilisation à destination du grand public.
* Transmises aux maires par le préfet dans le cadre du dossier de Transmission des Informations au Maire (TIM).
Au niveau communal
L’information préventive est relayée par le maire. Elle est obligatoire et renouvelables tous les deux ans pour les communes :
- dotées d’un PPR ou de toute autre disposition valant PPR ;
- comprises dans le champ d’application d’un Plan Particulier d’Intervention (PPI) ;
- soumises aux risques de séismes, d’éruptions volcaniques, d’incendies de forêts ou de cyclones ;
- disposant d’un arrêté préfectoral concernant l’exposition à un risque majeur particulier ;
- impactées par le risque d’effondrement lié à la présence de cavités souterraines.
L’information préventive implique de :
- produire, sur la base du dossier de Transmission des Informations aux Maires (TIM), un Plan Communal de Sauvegarde (PCS) et un Document d’Information Communal sur les Risques Majeurs (DICRIM). Le PCS regroupe les documents de compétence communale relatifs à la gestion de crise. Cet outil de planification est utilisé par les autorités locales en cas de crise majeure pour assurer l’alerte, l’information, la protection et le soutien de la population et des enjeux. Par ailleurs, un des volets du PCS concerne l’information préventive, qui correspond à l’élaboration d’un DICRIM à destination de la population. L’objectif est d’informer le citoyen et de l’impliquer dans le processus de gestion des risques, en lui apportant des précisions concernant les risques affectant la commune, les mesures de prévention, de protection et de sauvegarde mais également les consignes de sécurité à respecter ;
- organiser les modalités d’affichage des consignes de sécurité dans les lieux exposés, mentionnés dans l’article L. 125-14 du Code de l’environnement ;
- informer la population, au moins une fois tous les deux ans, au moyen de réunions publiques ou d’autres supports (brochures, etc.), sur les risques majeurs recensés et les mesures de prévention et de sauvegarde entreprises à l’échelle communale ;
- inventorier et matérialiser les repères de crues lorsque la commune est classée en zone inondable ;
- élaborer, conformément à l’article L. 563-6 du Code de l’environnement, des cartes délimitant les sites où sont situées des cavités souterraines susceptibles de provoquer l’effondrement du sol. Ces cartes doivent être annexées au DICRIM ;
- distribuer, lorsque la commune est comprise dans la zone d’application d’un Plan Particulier d’Intervention (PPI), des brochures d’information aux personnes résidant en zone à risque.
Au niveau du quartier
L’information autour des bassins industriels est assurée par les Commissions de Suivi de Site (CSS) *. Instituées par le préfet, leur objectif est d’améliorer la concertation et le suivi relatifs aux installations industrielles. Elles peuvent, par exemple, donner leur avis concernant les projets de modification ou d’extension des installations ou concernant l’élaboration de Plans de Prévention des Risques Technologiques (PPRT). Les CSS favorisent également l’information au public *, en complément des campagnes d’information, à destination des riverains, menées tous les 5 ans par les industriels.
* Commissions de Suivi de Site (CSS) : Elles sont obligatoires pour les établissements classés Seveso seuil haut, les collectifs de stockage recevant des déchets inertes et les installations d’élimination de déchets.
* Les documents d’information associés sont élaborés par les exploitants, en lien avec la préfecture. Cette campagne d’information est obligatoire pour les sites industriels à « hauts risques » classés « Seveso avec servitude » (cf : partie « Le risque industriel »). La campagne d’information est entièrement financée par l’exploitant.
Au niveau de l’habitation
Le citoyen peut informer et se tenir informé, en remplissant l’Information des Acquéreurs et des Locataires (IAL) (voir illustration ci-desous). Ce document concerne soit les biens situés dans une zone couverte par un PPR prescrit ou approuvé, soit les biens situés en zone de sismicité 2 à 5 ou ceux situés en zone à potentiel radon de catégorie 3. Lors de la vente ou de la location du bien immobilier, le vendeur ou le bailleur a pour obligation de :
- établir un état des risques susceptibles d’affecter le bien (datant de moins de 6 mois) ;
- exposer les dommages subis par le bien lors d’une catastrophe naturelle ou technologique, donnant lieu à une indemnisation.
Si ces dispositions de prévention et d’information sont obligatoires dans certaines communes dont le préfet arrête la liste, elles sont vivement recommandées dans toutes les autres.
Fiche communale IAL du Tampon
Depuis le mois de février 2021, le service ERRIAL * centralise un grand nombre de données publiques liées aux risques. Ce service d’information à destination des particuliers s’inscrit dans la continuité de la politique publique en matière de prévention des risques et a été pensé comme un outil favorisant la sensibilisation aux risques et l’accès à la donnée publique.
* Service ERRIAL : État des Risques Réglementés pour l’Information des Acquéreurs et des Locataires.
La vigilance et la surveillance des phénomènes climatiques
La vigilance caractérise un niveau de risque et permet d’anticiper les phénomènes susceptibles d’engendrer une crise. Il s’agit d’une information essentiellement qualitative, reposant sur l’utilisation d’outils d’analyse et de mesure, permettant de pouvoir générer l’alerte en temps voulu aux autorités locales et aux services de la sécurité civile et de secours à la population.
Concernant les risques d’inondation, la Cellule de Veille Hydrologique (CVH) est chargée du déploiement du dispositif de Vigilance Crues sur le département.
La vigilance météorologique
À La Réunion, la vigilance et l’alerte météorologique sont assurées par Météo-France, tous les jours depuis Saint-Denis. Des cartes de vigilance sont publiées deux fois par jour (à 06h00 et à 16h00). Tout au long de l’année, Météo-France La Réunion émet des bulletins météorologiques (fortes pluies, orages, vents forts et fortes houles) et prévient les habitants lors de l’approche d’une tempête ou d’un cyclone tropical. Les cartes identifient pour les 24 prochaines heures, les différents niveaux de vigilance selon 2 niveaux : « vigilance » et « vigilance renforcée ».
Dès lors que le département est placé en vigilance ou vigilance renforcée, la carte est accompagnée d’un bulletin de suivi (mentionnant l’évolution du phénomène, son intensité, les éventuelles conséquences attendues, etc.) ainsi que des consignes de sécurité à adopter. En période de crue, la carte et les bulletins peuvent être actualisés plus fréquemment. Les cartes de vigilance Météo-France à La Réunion concernent un panel de 6 phénomènes météorologiques et hydrologiques : vents violents, vagues-submersions, pluies-inondations, crues, orages, canicules.
Depuis la révision de « l’Evènement Météo Dangereux (EMD) Cyclone » la vigilance météorologique et l’alerte cyclonique sont traitées simultanément (voir partie « Le risque cyclone et tempête »).
Elle se distingue par cinq niveaux d’alerte :
- la pré-alerte jaune cyclonique ;
- l’alerte orange cyclonique ;
- l’alerte rouge cyclonique ;
- l’alerte violette cyclonique ;
- la phase de sauvegarde.
Afin d’assurer une meilleure couverture de la vigilance crues, l’application Vigicrues Flash (non disponible actuellement à La Réunion), destinée aux gestionnaires de crise communaux et départementaux, alerte en cas de risque de crue sur des cours d’eau non instrumentés donc non couverts par la vigilance crue. La même procédure est proposée par Météo-France pour les précipitations avec le système Avertissement Pluies Intenses à l’échelle des Communes (APIC), permettant aux maires et aux services communaux d’être avertis lorsque des précipitations à caractère exceptionnel sont enregistrées sur la commune ou les communes environnantes. Les avertissements sont communiqués en mairie par l’envoi de messages vocaux, SMS et courriels.
La vigilance crue
Le réseau Vigicrues, opérationnel depuis 2010, est utilisé pour informer la population et les acteurs de la gestion de crise en cas de risque de crues sur les cours d’eau surveillés par l’État. Les bassins versants inclus dans le dispositif sont matérialisés par un code couleur et actualisés en temps réel selon le niveau de vigilance en cours sur les cours d’eau surveillés.
La carte de vigilance est réalisée par la Cellule de Veille Hydrologique (CVH) de la DEAL Réunion et est accompagnée des bulletins d’information correspondants. En période de crue, la carte et les bulletins peuvent être actualisés plus fréquemment selon l’évolution du niveau d’eau dans les cours d’eau surveillés. Ces informations sont diffusées sur le site internet : vigicrues-reunion.re
Extrait du site internet Vigicrues de La Réunion.
En complément de cette surveillance continue, Météo-France publie tous les 10 ans un Atlas Climatique et tous les ans, un Bulletin Climatologique Annuel (BCA). Ces documents présentent de manière générale, le climat réunionnais (précipitations, température, humidité, vent, etc.), les phénomènes extrêmes ou dangereux pouvant toucher le département et abordent la notion de changement climatique.
L’éducation des plus jeunes aux risques
L’éducation à la prévention des risques majeurs demeure essentielle. Elle enseigne la responsabilité individuelle et permet d’avoir, dès le plus jeune âge, les bons réflexes en cas de risque majeur. Elle intervient dans le cadre de la sensibilisation, d’une part, et de la préparation aux crises, d’autre part.
Dès les années 1990, l’éducation aux risques est une priorité dans le milieu scolaire. Elle s’inscrit dans les programmes du primaire et du secondaire en France, ce qui implique la mise en place d’une équipe de formateurs, afin de développer des actions d’éducation, de sensibilisation et de culture du risque. Son inscription au sein des programmes vise également à impulser la mise en oeuvre des Plans Particuliers de Mise en Sûreté (PPMS) (obligatoires depuis 2015) par les responsables d’établissements.
Organisée depuis 2007, à l’initiative du ministère de l’Intérieur, les journées nationales pour la sécurité intérieure ont pour objectif de mieux faire connaître l’action de l’État en matière de sécurité, dans toutes ses composantes, en mettant l’accent sur la coopération et la complémentarité entre les services, sous l’autorité du préfet et des sous-préfets d’arrondissement chargés de veiller au maintien de l’ordre public et à la sécurité des personnes et des biens.
En parallèle, des actions de sensibilisation et de préparation aux crises sont largement encouragées, notamment dans le cadre de la Stratégie Nationale de Gestion des Risques d’Inondation (SNGRI) pour différentes cibles (scolaires, grand public, professionnels, élus, etc.).
En 2011, la Croix-Rouge française à La Réunion via la Plate-forme d’Intervention Régionale de l’Océan Indien (PIROI) a mis en place le projet intitulé « Paré pas Paré », visant à sensibiliser la population réunionnaise, et en particulier les jeunes, aux risques de catastrophes naturelles.
Initialement lancé pour répondre à un appel national du Ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer, le projet « Inondation, Nout Kartié Lé Paré (INKLP) », mené depuis 2017 par la PIROI, intervient en complément du dispositif « Paré pas Paré ». Soutenu par la Préfecture de La Réunion, il vise à sensibiliser les populations les plus exposées aux risques d’inondation afin qu’elles prennent conscience du risque auquel elles sont exposées, de leurs vulnérabilités et qu’elles soient mieux préparées en cas de catastrophe.
2. Limiter les enjeux exposés
La maîtrise de l’urbanisation : le rôle du PPR
En France, il existe plusieurs documents au titre de la prévention des risques majeurs, à savoir :
- les documents réglementaires, qui délimitent et réglementent les zones à risque. Servitudes d’utilité publique, ces zonages réglementaires sont annexés aux documents d’urbanisme et, par conséquent, opposables aux tiers (ex : Plans de Prévention des Risques Naturels (PPRN), Plans de Prévention des Risques technologiques (PPRT), etc.).
- les documents de connaissance, non réglementaires et non opposables aux tiers. Ces zonages ou cartes d’aléa sont toutefois portés à la connaissance des acteurs de la prévention et du grand public. Ils doivent être pris en compte dans l’élaboration des documents réglementaires, décisions et projet d’urbanisme (ex : Atlas des Zones Inondables et Submersibles (AZI et AZS), cartes d’aléas, etc.). Ces documents permettent notamment d’opposer l’article R.111-2 du Code de l’urbanisme aux demandes d’occupation ou d’utilisation des sols. Cet article permet de refuser ou soumettre à des prescriptions particulières une demande d’autorisation d’urbanisme relative à un projet de nature à porter atteinte à la salubrité ou à la sécurité publique.
Les Plans de Prévention des Risques (PPR)
Ils visent à réduire l’exposition au risque ainsi que la vulnérabilité des biens et des personnes, en limitant et en réglementant l’urbanisation en zones à risque. Introduits par la loi n° 95-101 du 02 février 1995 dite « loi Barnier », ils ont d’abord concerné les risques naturels (PPRN), puis se sont élargis, en 1999, aux risques miniers (PPRM) * et, en 2003, aux risques technologiques (PPRT) *.
Les PPR définissent, souvent à l’échelle communale mais parfois à l’échelle intercommunale, les zones à risques prévisibles, classées selon l’intensité du phénomène et la concentration d’enjeux sur le territoire. À chaque zone de risque est associée une liste de prescriptions ou de recommandations, applicables aux nouvelles constructions (interdiction de construire ou autorisation sous certaines conditions (ex : rez-de-chaussée implanté à plus de 20 cm au-dessus du terrain naturel)).
Plus largement, des mesures de prévention, de protection et de sauvegarde peuvent également être prescrites, afin d’assurer la protection de la population et des biens et de limiter l’impact des aléas. Ces mesures peuvent concerner l’ensemble de la commune ou des zones d’exposition spécifiques et incombent aux différents acteurs territoriaux (prescriptions en matière d’information préventive, de gestion de crise, de maîtrise du risque pour le maire, concernant l’entretien des lits des cours d’eau non domaniaux pour les riverains, en matière d’alerte et d’information pour les propriétaires de terrains de camping, etc.).
Les PPR sont élaborés par l’État en association avec les communes et en concertation avec les habitants. Ils se composent d’un :
- rapport de présentation décrivant le territoire concerné (aléas, enjeux, événements historiques) et la méthodologie retenue pour l’élaboration du PPR (événement de référence, etc.) ;
- atlas cartographique répertoriant les différentes zones d’aléas et le zonage réglementaire ;
- règlement associé à chaque zonage réglementaire.
* Risques miniers (PPRM) : Affaissements, effondrements, émanations de gaz dangereux, etc. (loi n° 99-245 du 30 mars 1999, « loi après-mine »).
* Risques technologiques (PPRT) : Liés aux établissements industriels à haut risque (loi n° 2003-699 du 30 juillet 2003, « loi Bachelot »).
Zonage règlementaire du risque (Source : PPRN Multiriques Saint-Benoît).
Concernant les risques technologiques, trois communes sont concernées par des PPRT :
- le dépôt d’explosifs civils de Bouygues TP à Saint-Paul ;
- le dépôt de munitions militaires de la Plaine des Cafres sur la commune du Tampon ;
- le dépôt de stockage d’Hydrocarbures de la Société Réunionnaise de Produits Pétroliers (SRPP) au Port.
Par ailleurs, le Code de l’urbanisme impose aux collectivités de prendre en compte les risques dans l’aménagement de leur territoire ; tant au niveau des décisions individuelles d’autorisation de construire, au titre de la salubrité ou de la sécurité publique (article R. 111-2 du Code de l’urbanisme), que dans le cadre des documents d’urbanisme de types Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT), Plan Local d’Urbanisme (PLU) et carte communale (article R. 101-2 du Code de l’urbanisme).
En complément de ces documents, Le Schéma d’Aménagement Régional (SAR) est requis par la loi n° 84-747 du 02 août 1984, relative aux compétences des régions de Guadeloupe, de Guyane, de Martinique et de La Réunion. Celui de La Réunion a été approuvé par décret en conseil d’État le 22 novembre 2011 et fixe les orientations majeures en matière d’aménagement du territoire et de protection de l’environnement. Il s’impose aux SCOT et aux PLU qui sont tenus d’être compatibles avec ses dispositions dans un lien de compatibilité au niveau des prescriptions. Dans le cadre de la révision ponctuelle du document, l’arrêté n° 2020-1993/SG/DCL/BU portant modification du SAR de La Réunion a été promulgué en 2020.
Réduire la vulnérabilité du bâti existant
La protection et la sauvegarde des enjeux impliquent la mise en oeuvre de différentes mesures, dites de « mitigation », dont l’objectif est d’atténuer les dommages associés aux phénomènes naturels et technologiques. Ces mesures complémentaires portent sur la réduction de la vulnérabilité des enjeux, par le biais notamment de l’émergence d’une culture du risque, d’une bonne préparation aux crises, de la maîtrise de l’urbanisation et de l’adaptation des bâtis et de leurs usages.
Si une protection par la réalisation de travaux (permettant la réduction de l’aléa) peut se révéler efficace, elle n’est toutefois pas suffisante pour assurer une pleine sécurité des enjeux. Les ouvrages utilisés pour la protection dite « collective » peuvent dysfonctionner, s’avérer insuffisants, mais également créer un faux sentiment de sécurité (constructions aux abords des digues par exemple) et des effets contre-productifs (population mal préparée au risque). En ce sens, la réduction de la vulnérabilité des enjeux, via des mesures de protection « individuelles » apparaît nécessaire et complémentaire. Elle implique notamment une meilleure maîtrise de l’urbanisation, objet des PPR.
L’adaptation des constructions (habitations, entreprises, infrastructures, réseaux, etc.) fait appel à différentes pratiques (ex : débroussaillement pour limiter les feux de forêts, poser des batardeaux pour empêcher l’eau d’entrer dans les habitatations, etc.) et corps de métiers (architectes, plombiers, entrepreneurs spécialisés dans les protections anti-inondation, etc.), qui concourent à trouver des solutions innovantes pour s’adapter aux risques. L’application de ces mesures peut être encouragée (dans le cadre des PPR notamment), voire, dans certains cas, financée par les collectivités locales. Elle requiert l’implication de tout un chacun, à agir personnellement sur sa propriété et à réduire sa vulnérabilité.
Exemple de mesures de mitigation contre les inondations.
Planifier l’organisation communale : le rôle du PCS
Dans sa commune, le maire est responsable de l’information à la population et de l’organisation des secours de première urgence. Pour cela, il peut mettre en oeuvre un outil opérationnel, le Plan Communal de Sauvegarde (PCS).
Il détermine, en fonction des risques connus :
- la méthode de diffusion de l’alerte et des consignes de sécurité (automates d’appel, utilisation de haut-parleurs, etc.) ;
- les mesures immédiates de sauvegarde et de protection des personnes (hébergement, ravitaillement, accueil des sinistrés dans les Centres d’Accueil et de Regroupement (CARE), etc.) ;
- les moyens disponibles et les mesures d’accompagnement et de soutien à la population (déploiement d’une cellule psychologique, accompagnement dans les démarches d’indemnisation, etc.).
La planification et la répartition des missions consignées dans le PCS répondent aux objectifs d’une action globale concertée et la plus efficace possible pendant la crise. Le PCS doit également tenir compte de la graduation de la réponse à apporter face à la gravité de l’événement.
Le cadre réglementaire
L’élaboration du PCS est rendue obligatoire par la loi n° 2004-811 du 13 août 2004, dite « loi de modernisation de la sécurité civile », dans les communes dotées d’un PPR approuvé ou comprises dans le champ d’application d’un PPI, dans les deux ans suivant leur approbation.
IMPORTANT
→ Pour les communes non déclarées à risque, l’élaboration de ce document reste largement recommandée, afin de gérer au mieux les éventuelles situations dangereuses (crises climatiques, sanitaires, etc.) ;
→ Lorsque plusieurs communes souhaitent réunir leurs moyens de sauvegarde, le PCS peut prendre la forme d’un Plan Intercommunal de Sauvegarde (PICS). Cela ne décharge pas le Maire de ses pouvoirs de police et de ses responsabilités.
Élaboration et utilisation du PCS
Le PCS est réalisé et activé sous l’autorité du maire. Toutefois, il peut être activé sur demande du préfet lorsque l’événement concerne plusieurs communes. Une fois approuvé par arrêté municipal, le PCS est transmis à la préfecture et aux services de secours pour être intégré dans le dispositif d’Organisation de la Réponse de Sécurité Civile (ORSEC).
Afin d’assurer une gestion de crise efficace et appropriée, le PCS doit être régulièrement révisé, notamment pour tenir compte des évolutions. Les annuaires doivent faire l’objet de mises à jour régulières et le contenu du document doit être relu, a minima une fois par an, et entièrement révisé tous les 5 ans. Par ailleurs, il est vivement recommandé de tester périodiquement le dispositif, dans son intégralité, lors d’exercices communaux de simulation de crises.
S’entraîner pour être prêt
Depuis une dizaine d’années, la gestion de crise connaît une forte numérisation, notamment par le biais de cartographies opérationnelles, d’applications diverses, de plateformes de gestion, etc. Très importante pour les différents acteurs, publics et privés, la connaissance de ces outils et leur utilisation est essentielle afin que la gestion de crise se réalise en temps réel, avec le moins de latence possible.
À l’échelle communale
Il est fortement recommandé aux maires de tester l’opérationnalité et la pertinence de leur PCS par le biais d’exercices réguliers, réalisés à l’échelle communale. Les exercices sont l’occasion pour les participants de mettre en pratique l’organisation théorique, de se familiariser avec leur rôle et leurs missions, et de valider, dans des conditions proches de la réalité, le fonctionnement du dispositif.
Avant l’approbation définitive du PCS, un exercice « de simulation » peut permettre de valider le fonctionnement global de la stratégie de gestion de crise adoptée. L’objectif d’un tel exercice est d’identifier les points faibles, les oublis ou les incohérences, en vue de son ajustement. Post-approbation, les exercices favorisent également, par la répétition, l’acquisition de réflexes opérationnels par les participants. Par la mise en évidence des dysfonctionnements et des ajustements associés, les exercices inscrivent le dispositif dans une démarche d’amélioration continue et participent donc à la mise à jour régulière du PCS.
Par ailleurs, le Plan de Continuité d’Activité (PCA) est également un document de planification applicable aux services municipaux et aux entreprises. Il a pour but d’anticiper l’aléa et ses effets et de permettre une continuité dans le fonctionnement des services même lorsque les élus et le personnel sont affectés. On parle de fonctionnement en mode dégradé. L’objectif est d’anticiper les effets d’un aléa sur une activité ou un service en proposant une réorganisation plus appropriée des moyens (outils, personnels, etc.). Si la mise en place d’un PCA n’est pas une obligation légale, elle est fortement recommandée, notamment pour les structures jugées d’utilité publique (éducation, production d’énergie, transport, etc.). À noter que le PCA doit tenir compte de l’organisation de crise inscrite dans le PCS et inversement, notamment lorsqu’il s’agit d’une infrastructure d’utilité publique (ex : hôpital, etc.).
Dans les crèches, les établissements d’enseignement, les entreprises et au sein du foyer
En complément des mesures entreprises par la municipalité, l’organisation de crise et la mise en sécurité des occupants / usagers doivent également être anticipées, dans les crèches, les écoles, les Établissements Recevant du Public (ERP), les entreprises, les sites industriels, mais également à l’échelle du foyer.
Dans les établissements d’enseignement, la mise en oeuvre d’un Plan Particulier de Mise en Sûreté (PPMS) est obligatoire depuis 2015. Élaboré et déclenché par le chef d’établissement, cet outil de planification vise à assurer la mise en sécurité du personnel et des élèves et l’autonomie de l’établissement en attendant l’arrivée des secours. Pour faciliter son déploiement, chaque membre de l’établissement se voit attribuer un rôle dans la gestion de crise, en fonction de ses ressources et compétences.
Pour les entreprises et les ERP, la planification de la gestion de crise est consignée, sur le même principe, dans le Plan d’Organisation de Mise en Sûreté de l’Établissement (POMSE). L’élaboration d’un POMSE n’est pas obligatoire, mais reste largement recommandée.
Le Plan d’Opération Interne (POI) et le Plan Particulier d’Intervention (PPI) permettent de planifier la gestion de crise en cas d’accident industriel, qu’ils soient interne à l’établissement (POI) ou sortant des limites de l’établissement (PPI). Ainsi, le PPI s’inscrit directement dans le dispositif ORSEC. La mise en place de ces documents peut être rendue obligatoire pour certains sites industriels, barrages ou sites nucléaires.
Au même titre que pour la commune, un Plan de Continuité d’Activité (PCA) peut être réalisé afin d’assurer le fonctionnement minimum (missions identifiées comme prioritaires) d’une infrastructure impactée par un aléa.
Enfin, à l’échelle individuelle, il est vivement recommandé de définir, dans le cadre du Plan Familial de Mise en Sûreté (PFMS), les procédures de mise en sécurité adaptées au foyer (évacuation préventive, aménagement d’une zone refuge, constitution d’un kit d’urgence, etc.) et de protection du bien (coupure des réseaux, etc.).
Où se renseigner ?
➔ Météo-France :
- Site internet : meteofrance.re
- Par téléphone : 02 62 92 11 35
➔ Vigicrues : vigicrues-reunion.re
➔ APIC et Vigicrues Flash : apic.meteo.fr
➔ DDRM de La Réunion : ddrm-reunion.re
➔ DICRIM : en mairie ou sur son site internet
➔ IAL : reunion.gouv.fr
➔ ERRIAL : errial.georisques.gouv.fr
➔ PPR : reunion.developpement-durable.gouv.fr
➔ PCS : reunion.gouv.fr
➔ Les guides d’élaboration :
- Guide relatif à l’organisation de la Sécurité Civile (dont guide PCS) : interieur.gouv.fr
- Guide relatif à l’élaboration d’un Plan de Continuité d’Activité (PCA) : pnrs.ensosp.fr
- Guide relatif à l’élaboration des PPMS : irma-grenoble.com / education.gouv.fr
- Guide relatif à l’élaboration des POMSE : irma-grenoble.com
- Guide relatif à l’élaboration des PPI (dont guide exercices) : interieur.gouv.fr
- Guide relatif à l’élaboration des PFMS : interieur.gouv.fr