Risque

Cyclone et Tempête

1. Le risque à La Réunion

Historique des événements

Retour sur un événement marquant : le 27 janvier 1948

Le système dépressionnaire de janvier 1948 était un cyclone tropical de forte intensité qui a évolué dans le sud-ouest de l’océan Indien. Le centre de ce cyclone est passé à environ 30 km à l’ouest de l’île de La Réunion le mardi 27 janvier 1948 vers 04h00 du matin. Des vents avec des rafales estimées supérieures à 250 km/h ont sévi (approchant possiblement les 300 km/h sur les hauteurs du nord-ouest), accompagnés de pluies torrentielles. Le niveau d’alerte cyclonique correspondrait à l’équivalent d’une alerte violette actuelle.

Cet événement causa la mort de 165 personnes et fit de nombreux dégâts sur l’île. Ce cyclone, le pire qu’ait connu l’île au 20ème siècle, avait fortement marqué la mémoire des habitants.

Le département est régulièrement frappé par des cyclones et évènements climatiques plus ou moins importants. Le progrès technologique et l’amélioration des constructions ont permis de grandement réduire le nombre de pertes humaines en cas d’événement majeur. La saison cyclonique à La Réunion débute de manière générale de novembre à décembre et se clôture au mois d’avril. Le risque est maximal durant les mois de janvier, février et mars. Parmi les événements les plus marquants et faisant encore date de nos jours, les cyclones de 1948 (165 morts), les cyclones Jenny en 1962 (36 morts) et Hyacinthe en 1980 (25 morts) ont été les plus meurtriers.

Photo Boulevard Lancastel à Saint-Denis (Source : firinga.com)

Boulevard Lancastel à Saint-Denis (Source : firinga.com).

Historique des cyclones et tempêtes les plus récents à La Réunion. La classification des phénomènes indiquée, correspond à leur intensité au moment de leur passage au plus près de la Réunion (Source : Météo France Réunion).

Historique des cyclones et tempêtes les plus récents à La Réunion. La classification des phénomènes indiquée, correspond à leur intensité au moment de leur passage au plus près de la Réunion (Source : Météo France Réunion).

Définition du risque

Le cyclone tropical

Un cyclone tropical est une perturbation atmosphérique tourbillonnaire caractérisée par une masse nuageuse très importante (diamètre moyen de 500 km, mais pouvant exceptionnellement excéder les 1000 km). Il naît au-dessus des eaux chaudes tropicales uniquement lorsque les conditions thermiques, géographiques et météorologiques adéquates sont réunies. L’activité nuageuse associée s’organise en bandes spiralées qui convergent vers un anneau central où les pluies sont torrentielles et les vents d’une violence extrême. Cet anneau, matérialisé par une muraille nuageuse de 14 à 18 kilomètres de hauteur, constitue le mur de l’oeil du cyclone. Il délimite une zone centrale « d’accalmie » correspondant à l’oeil du cyclone, d’un diamètre très variable, de l’ordre de 40 kilomètres en moyenne, et où les vents sont faibles et le ciel peu nuageux.

Le cyclone est associé à une dépression très creuse. La pression centrale est généralement inférieure à 960 hPa (hectopascal), voire 900 hPa pour les cyclones les plus intenses. À savoir que la pression atmosphérique terrestre est généralement de l’ordre de 1 013 hPa au niveau des mers. C’est cette différence de pression entre le coeur du système dépressionnaire et sa périphérie qui est à l’origine des vents violents du cyclone.

Par définition, un cyclone tropical est une dépression d’origine tropicale dans laquelle la vitesse moyenne des vents (sur une période de dix minutes) est supérieure ou égale à 118 km/h, avec des rafales pouvant atteindre les 170 km/h. En pratique, on parle de “conditions de vents cycloniques” lorsque les rafales de vents sont supérieures à 150 km/h. En dessous de cette valeur, on parle de « vents forts non-cycloniques » ou de tempête. En plus des vents forts et des précipitations torrentielles, une surélévation anormale du niveau de la mer est généralement associée aux cyclones. On parle alors de « marée de tempête ». La Réunion est toutefois relativement peu exposée au risque de marée de tempête. Elle est par contre beaucoup plus exposée aux vagues et houles cycloniques. Se propageant généralement plus vite que le cyclone, la houle est d’ailleurs souvent le premier signe avant-coureur de l’approche d’une perturbation cyclonique (cf parties « Le risque inondation » et « Le risque tsunami »).

Schéma Formation d'un cyclone tropical (Source : risquesnaturels.re)

 Formation d’un cyclone tropical (Source : risquesnaturels.re)

La tempête tropicale

Dans les régions tropicales ou subtropicales, des systèmes dépressionnaires se développent au-dessus des zones océaniques et s’accompagnent alors d’une circulation de vents de surface cyclonique (avec des vents tournant dans le sens des aiguilles d’une montre autour de la dépression dans l’hémisphère Sud).

Les systèmes dépressionnaires sont identifiés selon une classification se basant sur la vitesse des vents :

Tableau de classification des systèmes dépressionnaires.

Tableau de classification des systèmes dépressionnaires.

Quand les vitesses moyennes de vents autour de ces dépressions ont un maximum compris entre 34 noeuds (62 km/h) et 63 noeuds (117 km/h), ce système prend ainsi le nom de tempête tropicale. Lorsque ce maximum est au moins de 48 noeuds (89 km/h), correspondant au degré 10 de l’échelle de Beaufort *, on parle de forte tempête tropicale.

* Échelle de Beaufort : Échelle de mesure de la vitesse moyenne du vent en milieu maritime.

Le risque dans le département

La menace cyclonique à La Réunion s’étend de décembre à avril, avec un maximum de risque sur les trois mois d’été austral, entre janvier et mars.

Même si climatologiquement, il apparaît que les régions est et nord-est de La Réunion sont davantage exposées, tous les secteurs de l’île sont néanmoins susceptibles d’être touchés par la partie la plus active d’un cyclone tropical. Les statistiques donnent une période de retour d’environ 6 ans pour l’observation de vents cycloniques sur l’île, mais il est déjà arrivé que deux cyclones ravagent ou affectent l’île à un an d’intervalle (exemple : Cyclone Ando en 2001 et Cyclone Dina l’année suivante).

De par la violence et la pluralité de leurs effets (pluies, vents, vagues) parfois concomitants, de l’étendue des zones touchées et des risques induits, les cyclones et les tempêtes sont susceptibles de générer des dommages directs et indirects considérables sur le plan :

  • humain : blessures voire décès, notamment en raison du caractère brutal de l’événement. Les causes de décès ou de blessures les plus fréquentes sont, notamment, les impacts liés aux objets projetés par le vent, les chutes d’arbres (sur un véhicule ou une habitation), les décès dus aux inondations ou aux glissements de terrain, au franchissement inconsidéré de radiers submergés, etc.
  • matériel et économique : destructions d’édifices privés ou publics, d’infrastructures industrielles ou de transport, coupures des axes de communication, pertes d’activité, etc.
  • environnemental : destructions ou modifications du milieu (destruction de la forêt par les vents, érosion littorale lors de submersions marines, etc.) et dommages liés à la pollution (consécutive à un naufrage par exemple, etc.).

2. Les actions pour prévenir le risque

Les outils de surveillance et de prévention

Les différents dispositifs présentés ci-dessous sont spécifiques au risque « Cyclone et tempête ». Ce risque ayant la particularité d’induire de nombreux autres risques majeurs, plus d’informations sur les dispositifs spécifiques à ces risques sont disponibles directement dans les parties correspondantes : risque inondation et érosion littorale (cf : partie « Le risque inondation »), risque mouvement de terrain (cf : partie « Le risque mouvement de terrain »). 

Stratégie globale de prévention et de gestion du risque

Le risque cyclonique n’étant pas cartographiable avant son apparition (zone d’extension, trajectoire et intensité différentes d’un événement à l’autre), il n’existe pas de stratégie de prévention ni de mesure spécifique d’aménagement ou de documents réglementaires. En matière de prévention, l’accent est davantage porté sur la surveillance, la prévision météorologique et l’alerte, notamment via les cartes de vigilance de Météo-France.

Chaque Réunionnais est appelé à se préparer avant la saison cyclonique afin d’être en mesure d’agir et d’aider ses proches plus efficacement face à une situation d’urgence : connaître les différentes phases de l’alerte cyclonique, la localisation des centres d’hébergements, les numéros d’appels d’urgence, l’élaboration du kit d’urgence, etc.

La prévision et la surveillance

La surveillance des cyclones et tempêtes tropicales repose pour l’essentiel sur l’exploitation des données satellitaires. Les images satellites permettent de localiser le centre de la perturbation et de déterminer son déplacement. L’utilisation de techniques d’analyse fiables et performantes permet également d’en apprécier l’intensité.

La prévision des cyclones et tempêtes tropicales repose quant à elle pour l’essentiel sur l’exploitation des simulations des modèles numériques de prévision du temps.

Le Centre Météorologique Régional Spécialisé cyclones de La Réunion (CMRS), alias Météo-France, est responsable du suivi (analyse et prévisions) de l’ensemble des systèmes dépressionnaires tropicaux présents sur la zone du sud-ouest de l’océan Indien (i.e. entre le 30ème et le 90ème méridien est et entre l’Équateur et le 40ème degré sud). Le CMRS a été officiellement créé en 1993 par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM).

Le dispositif Spécifique ORSEC (DSO) – Cyclones

Dès lors que La Réunion est menacée par le passage d’un système de nature cyclonique, le dispositif spécifique ORSEC « Cyclones » est activé. La population est régulièrement informée de l’évolution du phénomène et de ses dangers potentiels. Un nouveau système d’alerte est mis en place afin de permettre une meilleure lisibilité tant pour la population, que pour les gestionnaires de crises. Dès lors que La Réunion sera sous l’influence ou la menace d’une dépression tropicale, le Dispositif Spécifique ORSEC (DSO) « Cyclone » sera déclenché à l’exclusion de tout autre, selon les différentes phases suivantes :

  • la pré alerte jaune : un événement de nature cyclonique (tempête tropicale ou cyclone) évolue dans la zone et peut représenter une menace pour La Réunion dans les jours qui suivent (délai de 24 à 72 heures) ;
  • l’alerte orange : un événement de nature cyclonique (tempête tropicale ou cyclone) évolue dans la zone et représente un danger pour La Réunion dans les 24 heures qui suivent ;
  • l’alerte rouge : un événement de nature cyclonique (tempête tropicale ou cyclone) impacte La Réunion avec des effets, liés à la pluie ou aux vents importants à très importants, attendus sur tout ou partie du territoire (préavis de 3 heures) ;
  • l’alerte violette : un cyclone tropical (cyclone majeur) impacte La Réunion avec des vents cycloniques de plus de 200 km/h et représente un danger imminent pour tout ou partie du territoire (préavis de 3 heures) ;
  • la phase de sauvegarde : la menace cyclonique s’éloigne mais le météore a causé des dégâts. Des dangers subsistent même si les conditions météorologiques sont en cours d’amélioration. Des restrictions de circulation peuvent affecter tout ou partie de l’île.

En cas de risque de vents forts « non-cycloniques », c’est le Dispositif Spécifique ORSEC (DSO) Événements Météorologiques Dangereux (EMD) qui est appliqué. Météo-France diffuse dans ce cas des bulletins de vigilance « vents forts ».

Il est primordial que le lien entre le Plan Communal de Sauvegarde (PCS) et les DSO « Cyclones » et « EMD » soit établi.

La prise en compte du risque dans la construction

La réglementation

Avant le 1er mai 2010, la réglementation NV65 2009 zone 5 de vent s’appliquait. Depuis, l’Eurocode 1-4 est appliqué. Il définit la valeur de base de la vitesse de vent de référence. Il n’existe plus de règle technique à jour pour la construction de logements particuliers neufs.

IMPORTANT

En mars 2021, les ministères de la Transition Écologique, du Logement et des Outre-Mer ont officialisés le lancement d’une concertation avec les maîtres d’ouvrages et professionnels locaux pour établir une réglementation para-cyclonique à destination des bâtiments neufs dans les départements d’Outre-mer.

Il existe cependant des normes anticycloniques pour les établissements publics, qui imposent des constructions susceptibles de résister à des rafales de vent de 250 km/h à 288 km/h. Plus concrètement, l’ouvrage est conçu pour agir à plusieurs niveaux :

  • la couverture : davantage de fixations des différents éléments et resserrement des espaces entre les chevrons et les pannes ;
  • la façade et la menuiserie : une plus grosse épaisseur des vitrages et des montants ;
  • le contreventement : un mur porteur intérieur (placé dans la structure) sur chaque façade ;
  • le soulèvement : poteaux lestés, la toiture davantage ancrée sur le bâtiment lui-même ;
  • la prise au vent : limiter les débords de toiture ou, à défaut, davantage les lester (ex : chauffe-eau solaires).

Des mesures s’appliquent également aux abords immédiats de l’édifice (élagage, abattage des arbres les plus proches, etc.) ou encore sur l’implantation des constructions en dehors des zones particulièrement vulnérables (secteurs exposés à des aléas torrentiels ou de glissements de terrain, sous les lignes à haute tension, etc.).

Les mesures de protection collectives

Il n’existe aucune protection collective spécifique au risque cyclonique ou de tempête. En revanche, certaines techniques et aménagements permettent de lutter contre le phénomène d’érosion littorale, parfois amplifié lors de tempêtes (cf : partie « Le risque inondation »). Deux méthodes, différentes par leur approche, peuvent être envisagées pour ralentir ce phénomène : par l’accompagnement des processus naturels (solutions souples, en lien avec la nature) et la fixation du trait de côte par des structures solides (solutions lourdes).

Exemples de solutions utilisées dans la lutte contre l'érosion côtière

Exemples de solutions utilisées dans la lutte contre l’érosion côtière.

Ganivelles : Clôtures faites de lattes et de piquets de bois, assemblées par du fil de fer galvanisé. Les lattes sont verticales, séparées les unes des autres par un espace, ce qui permet la « perméabilité » de la barrière. Le maintien des matériaux transportés par le vent tels que le sable est ainsi assuré.

Accrétion : Processus d’agglomération d’éléments inorganiques, solides ou fluides.

Où se renseigner ?

➔ Le site du Gouvernement :

➔ Le site de la Préfecture :

➔ Les sites de Météo-France :

➔ Le site Risques Naturels :

➔ Les autres sites :

Les communes concernées

Carte du risque cyclone et tempête à La Réunion.

Picto Cyclone et tempêteLes consignes à respecter

cyclone et tempête

Avant
  • Vérifier l’amarrage de votre navire et l’arrimage du matériel à bord
  • S’éloigner du bord de mer, des lacs et ne pas se promener en forêt
  • Stopper toute activité de plein air et annuler toute sortie en mer ou en rivière
  • Débrancher les appareils électroniques
  • Se mettre à l’abri et fermer portes et fenêtres
Pendant
  • Limiter les déplacements et n’évacuer qu’à la demande des secours
  • En extérieur, rester vigilant aux chutes possibles d’objets divers
  • Si vous êtes déjà en mer, ne pas retourner au port. Se diriger vers le large le plus rapidement possible
Après
  • Réparer ce qui peut l’être sommairement
  • Prendre des nouvelles de ses voisins
  • Couper les branches et les arbres instables
  • Ne pas intervenir sur les toitures et ne toucher en aucun cas à des fils électriques tombés au sol
Cas particuliers
Cas particuliers

En cas d’orage et d’inondation

  • Ne pas s’abriter sous un arbre, une paroi ou un parapluie
  • S’éloigner des structures métalliques (pylônes, grilles, poteaux, etc.)
  • Ne pas courir et éviter les grandes enjambées
  • Ne pas s’engager sur une voie inondée
  • Se réfugier dans une zone sécurisée au-dessus des Plus Hautes Eaux Connues (PHEC)

En voiture

  • Éviter au maximum de passer sous des arbres
  • Rouler lentement