Feu de forêt
1. Le risque à La Réunion
IMPORTANT
Au sein de ce dossier, la notion de « feu de forêt » englobe l’ensemble des espaces de végétations, y compris les espaces « hors forêts » (broussailles, surfaces cannières, etc.).
Historique des événements
Retour sur un événement marquant : le 25 octobre 2011
Déclenché le 25 octobre, de source probablement criminelle, avec plusieurs mises à feu distinctes et simultanées, le feu s’est propagé au sein du massif du Maïdo, en bordure du cirque de Mafate durant 8 jours. Près de 2 900ha d’espaces naturels au coeur de parc national et de forêts cultivées ont été ravagés. La lutte contre le feu s’est ensuite poursuivie pendant plusieurs semaines avant d’être complètement maîtrisé.
Synthèse des feux de forêts importants à La Réunion (Sources : risquesnaturels.re / DEAL Réunion / ONF)
Définition du risque
Au sein de la base de données Prométhée *, le feu de forêt est défini comme étant : « un incendie ayant atteint des forêts, garrigues, maquis ou landes, d’une superficie d’au moins 1 ha d’un seul tenant, quelle que soit la surface parcourue ». Le terme « atteint » sous-entend qu’une partie au moins de l’étage arbustif ou de l’étage arboré a été détruite.
Il se distingue des Autres Feux de l’Espace Rural et Péri-Urbain (AFERPU) , qui sont des incendies ayant atteint des :
- forêts, garrigues, maquis ou landes d’une superficie inférieure à 1 ha ;
- haies et boisements linéaires ;
- terrains en herbe (prairies notamment) ;
- terrains agricoles (chaumes, autres cultures) ;
- dépôts d’ordures dans la nature.
* Base de données Prométhée : Base de données officielle pour les incendies de forêts dans la zone méditerranéenne française.
IMPORTANT
Pour se développer, un incendie nécessite l’interaction de trois facteurs :
- un combustible (matériau susceptible de brûler : bois, hydrocarbures, gaz, etc.) ;
- une source de chaleur (flamme, étincelle, foudre, etc.) ;
- de l’oxygène, pour alimenter le feu.
Un incendie est la conjugaison de conditions météorologiques particulières (fortes chaleurs, faible pluviométrie et hygrométrie), du dessèchement de la végétation, et d’actions humaines. Il peut s’agir d’un incendie d’origine naturelle (foudre) ou d’un incendie d’origine anthropique (cause accidentelle : barbecues, incinération de rémanents, mégots de cigarettes ou encore provoqué par un dysfonctionnement d’infrastructures, comme les lignes électriques, ou par acte de malveillance pour divers intérêts).
Les types d’incendies
Selon les caractéristiques de la végétation et les conditions climatiques dans lesquelles l’incendie se développe, il peut s’agir de :
- feu de sol, brûlant la matière organique contenue dans la litière, l’humus ou les tourbières. Leur vitesse de propagation est lente et, bien que peu virulents, ils peuvent être très destructeurs en s’attaquant aux systèmes souterrains des végétaux. Ils peuvent également brûler en profondeur, ce qui rend plus difficile leur extinction complète ;
- feu de surface, brûlant les strates basses de la végétation, c’est-à-dire la partie supérieure de la litière, la strate herbacée et les ligneux bas. Ils affectent la garrigue ou les landes. Leur propagation peut être rapide lorsqu’ils se développent librement et que les conditions de vent ou de relief y sont favorables ;
- feu total : il s’agit de la conjugaison de l’ensemble des strates herbacées, arbustives et arborées qui brûlent en simultanée.
Le risque dans le département
La Réunion est un territoire exposé aux feux de forêts puisque 45 % (soit 120 000 ha environ) de l’île est recouvert par la forêt. En y associant les conditions climatiques et son relief particulier, les massifs forestiers les plus sensibles à l’aléa feu de forêt sont facilement identifiables :
- dans la zone « sous le vent », à l’ouest de l’île : Forêts des Saint-Paul, des Hauts Sous le Vent, de l’Étang-Salé et les forêts des cirques de Mafate et Cilaos.
- dans la zone « au vent », sur les sommets à haute altitude, au-dessus des nuages : massif des Hauts de Saint-Denis et du Volcan.
Toutefois, l’augmentation de l’urbanisation à la Réunion entraîne une réduction de la limite entre la forêt et la population. Malgré cela, les milieux naturels restent les plus sujets au risque d’incendie.
Par conséquent, les feux de forêts à La Réunion peuvent avoir d’importantes conséquences sur le plan :
- humain : intoxications dues aux fumées, isolement, mort ;
- matériel et économique : destructions des constructions (habitations, entreprises, infrastructures essentielles, réseaux de communication, etc.) et dégâts indirects (perte d’activité, chômage, etc.) ;
- environnemental : par la menace importante sur les paysages, la biodiversité animale et végétale. De plus, les milieux réunionnais ont une valeur patrimoniale importante et la forêt joue un rôle essentiel pour la conservation des sols (capacité de rétention des eaux, de maintien des paysages).
Le risque incendie lié aux milieux naturels a été spatialisé par l’attribution d’un indice de combustibilité spécifique à chaque type de végétation et corrigé par un facteur topo-morphologique (Source : ONF).
L’aléa feu de forêt à La Réunion.
2. Les actions pour prévenir le risque
Les outils de surveillance et de prévention
Stratégie globale de gestion du risque
Dans la lutte contre les feux de forêts, l’État mène une politique de prévention active qui articule l’information du public et des usagers de la forêt, la gestion graduée et adaptée et la lutte contre les feux de forêt. Cette politique mobilise les forces opérationnelles autour d’un Plan d’Action Départemental de Protection de la Forêt Contre l’Incendie (PDPFCI) et un Dispositif Spécifique ORSEC « Feux de forêt et espaces naturels ».
IMPORTANT
Les incendies majeurs de 2010 et 2011 à La Réunion ont conduit les services de l’État, en lien étroit avec l’ensemble des acteurs, à mettre en place un dispositif global de lutte et de prévention des feux de forêts.
Le PDPFCI définit les grandes orientations en matière de prévention et de lutte contre les incendies, les actions à mener et les objectifs à atteindre. Il prend en compte l’historique des feux et les aménagements réalisés. Il est ensuite décliné de manière opérationnelle, dans le cadre de la Défense des Forêts Contre l’Incendie (DFCI), mission confiée à l’ONF par le ministère de l’Agriculture, sous la forme d’un plan DFCI (le Volcan, Hauts de l’Ouest, Les Hauts de Saint-Denis, La Montagne, Roche Écrite, Volcan, Étang Salé, La Grande Chaloupe, Mafate, Cilaos).
Leur mise en oeuvre consiste en partie à la réalisation de travaux visant à éviter la propagation des feux sur les espaces forestiers et à faciliter l’intervention des services de secours. Sont réalisés : débroussaillement des bordures de pistes et au abord des habitations, aménagement des pistes dédiées DFCI et aménagements de points d’eau (citernes et retenues collinaires).
À La Réunion, le Dispositif Spécifique ORSEC « Feux de forêt et espaces naturels » fait l’objet d’une révision annuelle, tenant compte des nouvelles conditions opérationnelles (ajout, disparition de matériels ou modification des procédures) et conforte les dispositifs éprouvés avec succès. À chaque fin de saison, un RETEX (retour d’expérience) est conduit par la préfecture afin de déterminer les axes de progrès et les intégrer dans le dispositif de l’année suivante.
La prévision et la surveillance
La connaissance, la mémoire, la compréhension du risque et de sa matérialisation (causes des départs de feux notamment) sont également assurées par les travaux de recensement et d’appui menés dans le cadre des bases de données Prométhée.
La stratégie de lutte contre les incendies repose aussi sur le principe de surveillance et de mise en alerte des forces opérationnelles. Cette surveillance de chaque instant s’appuie donc sur la collaboration étroite multi-services de :
- Météo-France ;
- le Service Départemental d’Incendie et de Secours (SDIS 974) ;
- l’État-Major de Zone et de Protection Civile de l’Océan Indien (EMZPCOI) ;
- la Mission d’Appui de la Sécurité Civile (MASC) ;
- l’Office National des Forêts (ONF) ;
-
le Parc National de la Réunion (PNR) ;
-
la Gendarmerie et la Police Nationale ;
-
les Forces Armées de la Zone Sud Océan Indien (FAZSOI).
Au vu de la grande influence des conditions météorologiques sur le développement et la propagation des incendies de forêt, Météo-France fournit une évaluation des dangers météorologiques d’incendie, sous forme de cartes d’Indices Feux Météo (IFM *), qui servent à réaliser la carte des niveaux de risque sur les 26 zones climatiques, dont 18 sont à enjeu feux d’espaces naturels.
* Indices Feux Météo (IFM) : Calculé selon la méthode canadienne à partir des données de pluies, température, vent et humidité.
Carte de vigilance pour le risque de feu de forêt (Sources : Météo-france / SDIS 974) .
Du 15 septembre au 15 décembre, une réunion téléphonique entre Météo-France, le SDIS et l’État Major de Zone (préfecture) se tient tous les jours, excepté le jeudi où l’ensemble des partenaires est amené à produire la carte de façon partagée.
C’est une analyse partagée qui aboutit à la production de la carte des « niveaux de risques journaliers feux de forêts ». Elle fait ensuite l’objet d’une large diffusion auprès des différents acteurs du département.
En amont de la saison des feux de forêt, Météo-France met en place des sessions d’information sur les bases nécessaires à la compréhension des bulletins météorologiques.
En complément de cette surveillance journalière des risques, l’Office National des Forêts (ONF) en lien avec la Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt (DAAF) et le Parc National assure chaque semaine le suivi de la végétation pour évaluer la teneur en eau, ce qui permet d’affiner le niveau de précision dans chaque secteur de l’île.
La prise en compte du risque dans l’aménagement
Les règles d’emploi du feu
À La Réunion du 15 août au 15 janvier, tout emploi du feu est interdit, y compris l’écobuage, à l’exception de l’emploi du feu dans les habitations, dans leurs dépendances et dans les places à feu aménagées à cet effet, ainsi que les bâtiments, ateliers et usines, par l’arrêté préfectoral n° 2016 du 17 octobre 2018.
Pendant cette période, toute incinération de végétaux coupés est interdite. Des dérogations exceptionnelles peuvent être accordées par le maire dans des cas bien particuliers et sous réserve d’en faire la demande. Tout contrevenant s’expose à des poursuites pénales pouvant s’élever jusqu’à 750€ selon les circonstances.
Où se renseigner ?
➔ Le site du Gouvernement :
- Le risque feu de forêt : gouvernement.fr
➔ Le site de la Préfecture :
-
Le Dispositif Spécifique ORSEC – Feu de forêt : reunion.gouv.fr
-
Le Plan Départemental de Protection des Forêts Contre les Incendies (PDPFCI) : reunion.gouv.fr
-
Les règles d’emploi du feu : reunion.gouv.fr
➔ Le site de Géorisques :
- Le risque feu de forêt : georisques.gouv.fr
➔ Le site Risques Naturels :
- Le risque feu de forêt : risquesnaturels.re
➔ Le site du SDIS 974 :
Les communes concernées
Carte du risque feu de forêt à La Réunion.
Les consignes à respecter
Feu de forêt
- Respecter les règles d’emploi du feu
- Prévoir les moyens de lutte (points d’eau, matériels, etc.)
- Débroussailler régulièrement
- Ne pas stocker de matières inflammables à proximité de l’habitation
- Ne pas fumer en forêt et respecter les interdictions d’accès
- Dans la nature, s’éloigner dos au vent
- S’abriter dans un bâtiment et fermer les portes et les volets
- Boucher les entrées d’air (aérations, cheminées, etc.)
- Respirer à travers un linge humide
- Se préparer à l’évacuation : n’évacuer que sur ordre des autorités
- Éteindre les foyers résiduels
- Prendre des nouvelles de ses voisins
Pour les habitations exposées
- Ouvrir le portail pour faciliter l’accès aux pompiers
- Arroser le bâtiment avant l’arrivée des flammes
- Vérifier régulièrement l’état des portes, volets et de la toiture
- Débâcher la piscine
En voiture
Gagner si possible une clairière ou s’arrêter sur la route si celle-ci est dégagée et allumer les phares