PENDANT LA CRISE

Le temps de l’action

1. Alerter la population

Principes et définition

En cas de menace pour les personnes et les biens, l’alerte et l’information visent à donner à la population les moyens de prendre les mesures appropriées et d’adopter un comportement responsable pour se prémunir des conséquences attendues.

L’alerte à la population

Elle correspond, en cas d’urgence, à la diffusion par les autorités compétentes d’un signal destiné à avertir d’un danger présent ou imminent, nécessitant l’adoption de comportements spécifiques.

L’information des populations

En complément de l’alerte, elle correspond à la diffusion, avant et pendant la crise, des consignes de sauvegarde et de sécurité à adopter. Elle permet, par ailleurs, de notifier la fin de l’alerte.

L’alerte découle d’un processus organisationnel nommé « chaîne d’alerte », impliquant une information descendante. La vigilance est d’abord transmise par les organismes en charge de la surveillance des phénomènes extrêmes (Météo-France et Vigicrues par exemple) aux plus hautes autorités (préfet), puis relayée localement aux maires, sous la forme d’une alerte. Si la situation l’exige, le maire déclenche son Plan Communal de Sauvegarde (PCS) et procède à l’alerte et à l’information de la population.

Les phases de l'alerte à La Réunion.

Les phases de l’alerte à La Réunion.

Les moyens d’alerte

Afin d’assurer l’alerte, le Réseau National d’Alerte (RNA) a été instauré dès 1948 en métropole. Le vieillissement du réseau et la multiplicité des risques ont nécessité une modernisation générale du système d’alerte à la population, traduite par la mise en place du Système d’Alerte et d’Information aux Populations (SAIP). Basé sur la multidiffusion des messages, ce système met en réseau différents outils (sirènes communales, systèmes d’appels téléphoniques en masse, porte-à-porte, panneaux à messages variables, etc.) ainsi qu’un logiciel de déclenchement, permettant aux maires et aux préfets d’alerter et d’informer la population en cas de danger.

En pratique, le déclenchement d’un signal d’alerte et la diffusion des informations associées sont réalisés sous l’autorité du préfet et du maire. Sur le territoire national, ce signal est identique pour tous les risques (sauf en cas de rupture de barrage), diffusé par tous les moyens disponibles et relayé dans les établissements spécifiques (ex : par les sirènes des sites industriels Seveso, etc.). Il correspond à trois cycles successifs d’un son modulé comme suit :

Signal national d'alerte : son modulé (1 min 40 pause 1 min 40 pause 1 min 40)

Signal national d’alerte.

Signal national de fin d'alerte : son continu (30 sec.)

Signal national de fin d’alerte.

Tous les premiers mercredis du mois, un test est réalisé pour l’ensemble des communes françaises équipées de sirènes. Dans le cas particulier des ruptures de barrage, le signal d’alerte est émis par des sirènes pneumatiques de type « corne de brume », installées par l’exploitant.

À l’écoute de ces différents signaux d’alerte, il est impératif pour la population d’appliquer les consignes de sécurité et de rester attentive aux informations communiquées sur l’évolution de la catastrophe. En cas d’évacuation décidée par les autorités, la population sera avertie par la radio. Lorsque tout risque est écarté, un signal de fin d’alerte est déclenché. La fin de l’alerte est annoncée et relayée dans les mêmes conditions que les messages d’alerte.

Le déploiement de ces dispositifs n’était pas prévu initialement pour les territoires ultramarins. En effet, le SAIP a été conçu pour succéder au Réseau National d’Alerte (RNA), hérité de l’après-guerre sur les bâtiments de défense de l’Etat et les mairies, et non présents dans les territoires d’outre-mer.

À La Réunion, les moyens d’alerte et d’information mobilisés varient donc d’une commune à l’autre suivant les dispositions prises par les municipalités dans le cadre des Plans Communaux de Sauvegarde (PCS) mais n’impliquent pas de sirènes SAIP. Seules deux sirènes d’alerte (hors du dispositif SAIP) sont présentes à La Réunion, au sein du dépôt de stockage d’hydrocarbures de la SRPP sur la commune du Port et au sein du dépôt de munitions de la plaine des Cafres.

Alternativement, en raison de la présence de phénomènes de crues soudaines à La Réunion sortant du champ d’application de Vigicrues, des Dispositifs d’Alertes Locales (DAL) viennent compléter la vigilance crues déjà présente sur le territoire. Ce système est basé sur des stations hydrométriques situées au sein de bassins versants sensibles (Bassin Boeuf et Bassin Grondin sur la commune de Sainte-Suzanne) et qui permettent la détection d’une montée des eaux susceptible de générer une vague de crue, et ce avec un niveau d’anticipation suffisant. L’objectif est d’avertir à l’aide de gyrophares et de sirènes, les sites en aval.

En plus de ces systèmes d’alertes locaux, des systèmes particuliers aux territoires d’Outre-Mer ont été développés. La nature de ces dispositifs est développée plus loin dans ce dossier, dans les différentes parties dédiées aux risques majeurs.

Le Système d’Alerte aux Tsunamis dans l’Océan Indien (SATOI)

Ce projet fait suite au tsunami du 26 décembre 2004 dans l’Océan Indien et vise à mettre à niveau les réseaux d’observation sismique et marégraphique maintenus par la France dans la région pour l’acquisition et la diffusion de données en temps réel, leur permettant de s’insérer dans le système régional d’alerte construit sous l’égide de la Commission Océanographique Intergouvernementale de l’UNESCO. L’un des objectifs est de renforcer les capacités d’expertise et les outils du Centre National de La Réunion d’Alerte aux Tsunami dans l’Océan Indien (CNATOI), voir partie « Le risque tsunami ».

Pour répondre au besoin d’information de la population, les services de l’État s’appuient également sur les radios et les télévisions nationales et locales (Réunion 1ère, FREEDOM et FESTIVAL). Sous convention, elles sont tenues de relayer les messages d’alerte et d’information à la population.

IMPORTANT

Utilisés à bon escient, les réseaux sociaux peuvent également être vecteurs d’alertes et d’informations. Afin de disposer d’informations vérifiées et d’éviter la diffusion de «fake news», il est préconisé de consulter les sites officiels (Préfecture, Météo-France, etc.).

2. L’organisation de la gestion de crise

En cas de crise, qui fait quoi ?

Lorsqu’un événement majeur affecte la société, les pouvoirs publics ont la responsabilité d’organiser la gestion de crise et les moyens de secours et de sauvegarde associés. Cette organisation nécessite un partage de compétences entre l’État et les collectivités territoriales locales.

Chaque niveau territorial (communal, départemental, zonal, etc.) dispose de sa structure de commandement et de son plan d’actions et de secours, organisés et déclenchés sous l’autorité du Directeur des Opérations de Secours (DOS), avec l’appui et les conseils du Commandant des Opérations de Secours (COS).

Le DOS dirige les opérations de secours (en préfecture ou en mairie, suivant l’ampleur de la catastrophe). En parallèle, le COS gère et coordonne les moyens et les services de secours (SDIS, SAMU, police, etc.). Il s’agit généralement d’un officier sapeur-pompier qui appuie le DOS dans la gestion stratégique de la crise. Le COS et le DOS sont en liaison régulière et échangent sur l’évolution de la situation. Le COS est donc le conseiller du DOS. En lui apportant son expertise, il lui permet de prendre les décisions adaptées à la crise en cours.

À l’échelle communale, le maire prend le rôle de DOS. Si l’événement concerne plusieurs communes du département, le rôle de DOS est transféré au préfet. Lorsque l’événement dépasse les capacités de réponse d’un département, ou est de portée nationale, voire européenne, le préfet de zone, le ministre de l’Intérieur et l’Union Européenne assistent et renforcent le dispositif de gestion en place, par la mise à disposition de moyens nationaux et européens.

Les différents niveaux de la gestion de crise.

Les différents niveaux de la gestion de crise.

L’organisation au niveau local

Dans la commune

Le maire est responsable de l’organisation des secours de première urgence. En cas d’événement majeur, il active son PCS et prend le rôle de DOS. Pour assurer le commandement des opérations et la gestion de la crise, il peut mettre en place un Poste de Commandement Communal (PCC), structure d’aide à la décision, d’échanges et de synthèse de l’information.

Lorsque le maire ne dispose plus de moyens nécessaires pour gérer la situation ou que l’évènement concerne plusieurs communes, le préfet assure la direction des opérations de secours. Le maire assume toujours, sur le territoire de sa commune, ses responsabilités (alerte, information, secours et sauvegarde) et les éventuelles missions qui lui sont confiées par le préfet (accueil de personnes sinistrées, etc.).

Dans les Établissements Recevant du Public (ERP) et les entreprises

Le maintien de la sécurité des personnes jusqu’à l’arrivée des secours est la responsabilité du gestionnaire ou du chef d’entreprise. Il peut déclencher son Plan d’Organisation de Mise en Sûreté de l’Établissement (POMSE).

Dans les établissements d’enseignement

Cette responsabilité se traduit par l’obligation, pour les directeurs d’écoles et chefs d’établissements, d’élaborer un Plan Particulier de Mise en Sûreté (PPMS).

Au sein des sites industriels et des barrages soumis à PPI

L’exploitant active son Plan d’Opération Interne (POI) en cas d’accident interne et/ou son Plan Particulier d’Intervention (PPI) si l’accident dépasse les limites du site. L’élaboration de ces documents est obligatoire pour les sites Seveso seuil haut et peut être imposée à d’autres types de sites par le préfet.

NB : Lorsqu’un barrage n’est soumis à aucun PPI ou POI, des consignes d’exploitation et de surveillance précises lui sont toutefois appliquées (cf : partie « Le risque rupture de barrage »).

L’organisation aux niveaux départemental et zonal

Elle se traduit par l’activation du dispositif d’Organisation de la Réponse de Sécurité Civile (ORSEC), qui constitue, depuis la loi n° 2004-811 du 13 août 2004 dite « de modernisation de la sécurité civile », une organisation unique pour la gestion de toutes les situations d’urgence.

Les plans de secours

Comme les PCS à l’échelle communale, les dispositifs spécifiques ORSEC, élaboré par le préfet aux échelles de La Réunion et zonale (échelle Océan Indien), déterminent l’organisation générale des secours et recensent l’ensemble des moyens susceptibles d’être sollicités. Ces plans comprennent des dispositions générales applicables en toutes circonstances et des dispositions spécifiques permettant de faire face à des risques particuliers (ex : PPI, POLMAR, etc.).

Le plan ORSEC départemental est déclenché par le préfet, lorsque l’événement concerne le département. À ce titre, il prend le rôle de DOS. En mer, c’est le préfet maritime qui assure ce rôle. À noter que localement, le préfet de La Réunion est à la fois préfet maritime et préfet de zone.

Le plan ORSEC de zone est activé dès lors que l’événement affecte a minima de manière significative la zone de défense concernée ou rend nécessaire la mise en oeuvre de moyens dépassant le cadre départemental. Dans ce contexte, le préfet de zone assiste et coordonne les actions menées par les préfets des différents départements de la zone de défense impactée. À ce titre, l’État-Major de Zone et de Protection Civile de l’Océan Indien (EMZPCOI) a compétence, pour les missions zonales sur Mayotte, les îles Éparses et les Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF).

L’élaboration et la mise en application de ces plans impliquent une veille permanente sur l’ensemble du territoire et la mobilisation de tous les acteurs de la sécurité civile.

Une évolution du Dispositif Spécifique ORSEC (DSO) pour les « événements météorologiques dangereux » et « cyclones » de La Réunion a été validée et signée par le préfet de La Réunion le 23 mars 2021. Les objectifs de ces DSO sont d’informer la population sur les risques encourus en cas de phénomènes météorologiques dangereux et de cyclones, de fournir à la population les comportements à adopter et enfin de définir les modalités de l’alerte des services concernés et des collectivités locales.

Les structures de commandement

À l’échelle départementale (de La Réunion), le pilotage du dispositif spécifique ORSEC nécessite l’intervention de deux structures de commandement :

  • le Poste de Commandement Opérationnel (PCO) : mis en place au plus près de l’événement, il est dirigé par un représentant du corps préfectoral, assisté par le Commandant des Opérations de Secours (COS). Le PCO a pour mission de diriger les secours sur le terrain.
  • le Centre Opérationnel de Préfecture (COP) : dès lors que des PCO sont activés simultanément, le COP est systématiquement activé. Basé en préfecture et dirigé par le préfet, il assure, durant toute la durée de l’événement, le déploiement des plans d’actions et de secours, l’anticipation des effets de l’événement, le déploiement des moyens nécessaires, la communication avec les autorités locales et les médias, etc. ;

À l’échelle de la zone de défense * de l’Océan Indien, le Centre Opérationnel de Zone (COZ) coordonne les moyens zonaux et les missions d’appui réalisées sous la responsabilité du préfet de zone.

* Circonscription administrative française spécialisée dans la coordination des moyens de Sécurité Civile et dans la défense, civile et économique

Le Service Départemental d’Incendie et de Secours à La Réunion (SDIS 974)

À La Réunion, le SDIS est un établissement public territorial autonome. Sur le plan opérationnel, les moyens du SDIS sont placés sous l’autorité, des maires et du Préfet de région qui sont garants de la réponse adaptée des secours à population, en vertu de leurs pouvoirs de police. Au plan administratif, le SDIS exécute les délibérations du conseil d’administration composé de 11 Conseillers départementaux et 4 représentants des Maires. La présidence de ce conseil d’administration est assurée par le Président du Conseil Départemental.

Cette organisation résulte en grande partie de la situation géographique particulière de l’île de La Réunion et de son exposition aux risques naturels et technologiques, occasionnant une activité opérationnelle importante demandant une adaptation de son organisation et de ses moyens.

Le SDIS de La Réunion a la compétence exclusive de la prévention, de la protection et de la lutte contre les incendies. Il concourt également, en partenariat avec les autres services et professionnels concernés (gendarmerie, police, SAMU, etc.), à la distribution des secours d’urgences aux personnes et à la protection des biens et de l’environnement. Enfin, de manière générale, les sapeurs-pompiers du SDIS 974 participent activement à l’évaluation et à la prévention des risques technologiques ou naturels présents sur le territoire.

L’organisation au niveau national

Lorsque qu’un événement d’ampleur nationale se produit, le ministre de l’Intérieur est chargé de la sécurité civile. Il assure la responsabilité interministérielle d’organisation et de coordination des secours au plan national, par l’intermédiaire du Centre Opérationnel de Gestion Interministérielle de Crises (COGIC).

En lien constant avec le Centre Opérationnel de la Police Nationale (COPN) et le Centre de Planification et de Conduite des Opérations (CPCO) du ministère des Armées, cette structure permet d’informer le cabinet du ministre de l’Intérieur en continu, de proposer les modalités d’intervention, de préparer et de coordonner l’action et les moyens gouvernementaux (sapeurs-pompiers, Unités d’Instruction et d’Intervention de la Sécurité Civile (UIISC), moyens aériens), etc.

3. Les consignes générales de sécurité

Consignes générales de sécurité en cas de risques majeurs.

Exemple de mesures de mitigation contre les inondations.

Où se renseigner ?

Écouter les signaux d’alerte officiels : secourisme.net

Les plans ORSEC et les Dispositifs Spécifiques ORSEC :

Préfecture de La Réunion :

Météo-France :

SDIS 974 :